Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/418

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le vapeur japonais, dont on les avait séparés si opinément.

Nier. À quoi bon ? L’accent de Midoulet démontrait qu’il tenait ses renseignements de bonne source. Aussi, sans s’inquiéter de l’aveu tacite contenu dans sa question, le Japonais prononça :

— Comment savez-vous cela ?

— Décidément, général, je conçois la confiance de votre empereur en votre personne. Vous savez abattre le jeu avec rondeur. Je vais donc satisfaire votre curiosité.

Et appelant un quartier-maître qui, à quelques pas, semblait surveiller les mouvements des causeurs :

— Jasper, dit-il, mon vieux garçon ; voulez-vous être assez aimable pour avertir mistress Honeymoon que je l’attends ici.

— Mistress Honeymoon ? redirent les voyageurs avec une stupéfaction analogue à celle d’un astronome qui recevrait un bolide sur la tête.

— Eh ! oui, la passagère qui occupe la cabine du lieutenant en second.

— Mistress Lydia Honeymoon ? répéta encore Emmie…

— Elle-même.

— Elle est abord ?

— Oui.

Les passagers échangèrent un regard désespéré. L’impossible se réalisait. La jeune Anglaise, laissée à Aden, dans la cave de la Tour Carrée, les avait précédés dans le golfe Persique ! Incroyable ! Incompréhensible !

Le quartier-maître cependant grommelait d’une voix de basse taille :

— Ah ! bien ! All right ! Le mousse. Je ne savais pas son nom de lady.

Et à grands pas, il se dirigea vers une écoutille.

Tibérade et ses amis s’entre-regardèrent de nouveau. L’exclamation du marin les jetait en face d’un nouveau mystère.

— Le mousse ! avait dit cet homme ; je ne savais pas son nom de lady.

Le mousse, la lady, en une seule personne. Que signifiait cet imbroglio ?