Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/419

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Ma foi, Uko allait solliciter un éclaircissement. Midoulet le prévint.

— Un instant de patience encore, général ; tout s’expliquera à votre entière satisfaction…

Et avec un rire ironique :

— Je dis : satisfaction, en ce qui touche votre désir d’élucider le problème ; car pour autre chose, je n’oserais rien affirmer de semblable.

À ce moment même, la jeune femme, remarquée naguère par les voyageurs de la chaloupe qui les amenait au Dunlovan, parut. Seulement elle était redevenue blonde, et tous reconnurent leur prisonnière de la Tour Carrée.

Elle s’avançait, gracieuse, minaudière et charmante, préoccupée d’apparence uniquement d’attirer les regards louangeurs de sa gentillesse.

Qu’est-ce que cette personne mignonne et mignarde pouvait avoir de commun avec un mousse grossier ?

Elle vint se planter auprès de Midoulet, et d’une voix douce, aux inflexions enfantines, soulignées par son délicieux et léger accent anglais :

— Je suis venue, puisque vous aimez cela. Quel est le motif ?

— Une présentation, mistress.

— En vérité, et contre qui cette présentation ?

— Contre le général Uko, miss Sika, sa chère fille, et leurs amis miss Emmie et Marcel Tibérade, esquire.

La jeune femme adressa un sourire aimable à chacun des passagers, et de sa petite voix chantante :

— Oh ! je connais beaucoup, déjà, et j’ai conservé la meilleure remembrance de nos rencontres.

Elle allait continuer, Midoulet s’interposa :

— Un instant. J’ai parlé de présentation. Je n’en démordrai pas.

Puis, prônant l’inconnue par la main :

— Mistress Honeymoon, veuve du commodore Jack Honeymoon, décédé de la fièvre jaune sur les côtes brésiliennes, et qui a voulu remplacer son mari au service de l’Angleterre.

— Comme commodore ? plaisanta Emmie.

— Plus modestement, mademoiselle ; mistress Honeymoon s’est contentée d’un engagement de