Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/420

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mousse à bord du steamer où vous vous trouviez ce matin.

— Mousse sur un navire japonais ?

— Elle parle et entend le japonais à ravir ; ce qui lui a permis d’apprendre, général, que vous voguiez vers Tamatave, où vous attendriez les instructions de votre gouvernement.

Et tous demeurant bouche bée, hébétés par cet espionnage nouveau subitement révélé, la charmante blonde minauda :

— On vous conduira religieusement dans Tamatave, car master Midoulet désire beaucoup, et moi également, je sais le dire, connaître le destinataire de…

Elle parut chercher le mot, puis avec des mines scandalisées :

— La bouche d’une lady ne saurait prononcer le mot de ce vêtement inconvenable… Mais comprenez, je prie… ; je souhaite découvrir le destinataire de l’inexpressible.

— Ah çà ! comment étiez-vous sur le bateau japonais avant nous ? réussit enfin à demander Emmie.

Lydia lui sourit.

— Très simple. À la Tour Carrée, les télégraphistes que vous m’aviez données pour compagnes de captivité nous ont débarrassés, M. Pierre et moi, de nos liens. Et comme le sans fil aboutissait au sous-sol, nous avons pu adresser un radiogramme au gouvernement. On nous a délivrés deux heures après votre départ. Une rapide enquête à Aden nous a appris la location d’un bateau à vapeur, pour conduire quatre voyageurs à Karta (golfe Persique). Je suis partie aussitôt par un autre, environ quinze heures avant que vous vous embarquiez vous-mêmes. Je parle japonais, on vous l’a dit. J’ai eu le temps d’aviser le commandant du Dunlovan et de me faire embaucher sur le navire qui vous attendait. Je dois ce succès en partie à M. Midoulet, ici présent. Aussi, à présent, nous sommes sincèrement alliés et le resterons jusqu’au jour où nous pourrons annoncer la victoire à nos gouvernements.

À ce moment même, Pierre Cruisacq se montra à son tour.

Lydia s’appuya à son bras, avec une ironie tendre.