Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/422

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secoués par une hilarité plus forte que la pesanteur de l’atmosphère surchauffée.

Puis, brusquement, Marcel reprit :

— Au fait, pourquoi ne rendons-nous pas ce vêtement ensorcelé au général Uko ?

— Pour demeurer utiles, cousin. Pour conserver un prétexte plausible d’accompagner notre chère Sika. Je dis notre, bien que je considère ton affection comme beaucoup plus grande que la mienne.

D’un air ennuya, Tibérade secoua la tête lentement. Son geste trahissait la fatigue.

— Qu’as-tu encore ? interrogea là fillette.

— J’ai… j’ai… petite souris, tu dois bien le comprendre. L’instant où le destinataire du satané objet se présentera approche à chaque tour d’hélice…

— Évidemment. Sans cela, ce serait décourageant de faire tant de chemin.

— Ne plaisante pas, je t’en prie.

— Je suis grave comme un diplomate qui aurait avalé sa canne.

— Tu n’en as pas l’air. Songe donc, chère tête folle, qu’à ce moment, attendu et craint, je risque d’agir en traître à mon… à notre pays.

— Pas du tout.

Il se tourna vivement vers sa gentille interlocutrice, qui le considérait de ses yeux vifs.

— Si tu m’expliques cette dénégation au moins hasardée…

— Marquée au coin de la raison, veux-tu dire ?

Et une flamme gaie, dansant en son regard noir, Emmie reprit :

— Voyons, qu’ont décidé Midoulet et mistress Honeymoon ?

— À quel propos ?

— À propos de la remise du message de drap gris fer, donc ! Ils ont déclaré que ce vêtement devait être un signal, et que la qualité du récepteur révélerait le souhait de l’expéditeur, dans l’espèce, S. M. I. le mikado.

Ce fut d’un haussement d’épaules que Marcel accueillit la réponse de sa jeune cousine.

— Eh ! petite masque ; tu feins d’oublier que ce raisonnement, éclos dans l’esprit du digne Midoulet, qui l’a fait partager par mistress Lydia, bien que celle-ci