Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/58

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En cinq minutes, le père et la fille parvenaient au bureau de poste, et le Japonais rédigeait la dépêche suivante :

« Monsieur Arakiri,

« Attaché à l’ambassade du Japon.

« Je pars ce soir pour Marseille suivant ordres reçus. J’ai trouvé une combinaison heureuse pour l’objet en question. Il me suit sans être avec moi.

« Général Uko. »

Et à Sika qui lisait par-dessus son épaule :

— Comprends-tu maintenant ; notre ennemi cherchera le maudit vêtement en dehors de nous. Peut-être nous laissera-t-il dormir tranquillement et s’acharnera-t-il sur nos bagages, sans soupçonner l’aide de ce digne M. Tibérade.

Elle hocha la tête en personne peu convaincue, mais elle ne répliqua pas ; son émoi, né en elle, de la résonance des syllabes formant le nom de son sauveur, la rendant incapable de proférer un son.

Quoi qu’il en soit, une voiture les conduisit au Mirific-Hôtel, où ils procédèrent à leurs ultimes préparatifs de départ.

Aucun ne soupçonna quels ennuis allaient fondre sur celle qu’ils s’obstinaient à prendre pour la fille de chambre Véronique, qui les attendait dans leurs appartements.

Sika, en effet, une fois en voiture avec la soubrette, après avoir quitté ostensiblement son sauveur sur la place de l’Opéra, l’avait suivi sans se montrer, et, son adresse connue, elle s’était fait reconduire à toute bride au Mirific.

Là, laissant sa servante à la préparation des valises en vue du départ du soir, elle avait parlé mystérieusement à son père. Après quoi, elle était descendue à la caisse, s’était fait remettre le paquet confié au coffre-fort, en avait donné décharge, et enfin, empruntant la serviette de maroquin de l’un des employés, elle y avait glissé le précieux colis.