Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/59

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Le général l’avait rejointe dans le hall ; tous deux, hélant une automobile, s’étaient aussitôt mis en route vers le logis de Tibérade, non sans que le Japonais eût clamé :

— Au bazar du voyage. Il me faut une valise.

Ces mots, surpris par un homme flânant dans le hall et par une jolie femme blonde, qui, pelotonnée dans un fauteuil, lisait attentivement le journal, avaient déterminé chez les deux personnages un même sursaut.

Était-ce sympathie ? L’adresse, lancée par le général, les fit sourire également tous deux sans qu’ils parussent toutefois remarquer cette simultanéité d’intempestive gaieté.

L’homme s’en fut prendre place à une table et se fit servir un cocktail, en murmurant :

— Surveillons la caisse. Avant de partir, il faudra bien qu’ils reprennent possession du pantalon. Attention, Midoulet.

Quant à la jeune femme, elle gagna le deuxième étage et frappa à la porte de l’appartement des Japonais.

Sur le seuil, Véronique se montra aussitôt.

— Ah ! Madame Honeymoon, fit-elle avec déférence.

— C’est moi, en effet. Je n’ai pu vous aborder depuis ce matin. Avez-vous suivi mes instructions ?

— Oui, madame. En retenant les compartiments-lits pour Monsieur et Mademoiselle, j’en ai loué un pour vous.

— Voisin des leurs ?

— J’ai eu le bonheur d’obtenir cela, voici le ticket treize. Ils ont, eux, les onze et douze.

— Bien, merci. Vous me direz, à la gare, dans quelle valise ils auront serré le paquet, qui est toujours dans le coffre-fort, n’est-ce pas ?

— Oh ! toujours. S’ils l’avaient remonté, je l’aurais vu. C’est moi qui ai fait les valises, vous pensez bien.

— Parfait. Veillez, et à la gare.

La jolie Anglaise parut hésiter un moment, puis elle tendit la main à son interlocutrice.