parer du pantalon du Mikado. Dans sa certitude de réussir, il a jugé inutile de retenir une place dans le rapide de neuf heures vingt du soir, et maintenant…
Il se rue en tempête au dehors, saute dans un taxi-auto, promet au chauffeur un pourboire exceptionnel, et arrive à la gare de P.-L.-M. une demi-heure avant le départ du train.
Toujours courant, il se case dans un compartiment de première classe.
À travers la vitre, il voit arriver les trois voyageurs. Ceux-ci montent dans l’un des wagons-lits, mais l’agent a pu adresser à Véronique un signe d’appel, auquel celle qu’il considère comme une soubrette a répondu d’un mouvement de tête.
Elle viendra tout à l’heure et le renseignera. Impossible qu’en route, elle n’ait pas découvert comment ses « patrons » ont mis sa surveillance en défaut.
Cependant, Véronique, il faut bien lui conserver ce nom, installait les Japonais dans leurs compartiments-lits ; deux compartiments voisins, communiquant au moyen d’un simple déplacement de la cloison mitoyenne.
Et tandis qu’elle disposait l’un, le père et la fille, réunis dans l’autre, échangeaient à voix basse les répliques suivantes, qui eussent donné la clef de l’énigme aux agents français et anglais attachés à leur poursuite.
— Pourvu que ce M. Tibérade ne manque pas le train, susurra Uko.
Sika secoua la tête.
— Il est avec sa petite cousine dans le wagon suivant le nôtre.
— Tu es sûre ?
— En arrivant sur le quai, je les ai aperçus dans le couloir du véhicule. Ils nous guettaient. La petite Emmie m’a même saluée légèrement.
— En ce cas, tout est pour le mieux.
Véronique avait terminé. Elle souhaita le bonsoir à ceux qu’elle trahissait non par goût, mais par nécessité, et les portes donnant sur le couloir dûment closes, elle se préparait à regagner le wagon de se-