C’est, en effet, un procédé classique de l’espionnage allemand de transmettre des renseignements, à l’aide de vêtements : robes, manteaux, vestons ou autres.
— Comme tu le dis ; naturellement, je n’ai qu’une idée : capturer ce pantalon. J’ai dérobé une demi-douzaine de culottes au Japonais, sans mettre la main sur la bonne, celle que je cherche. Mais je me connais tenace ; donc j’aurais fini par l’avoir, quand, patatras ! voilà le paquebot qui part avec lui, et sans moi !… Ces crétins à l’hôtel m’ont réveillé trop tard !
— Quel paquebot ?
— Le Shanghaï, des Messageries maritimes, qui a quitté le port il y a exactement deux heures maintenant.
— Pour Brindisi, Port-Saïd, Obock et Extrême-Orient.
— Tu connais bien l’itinéraire !
— Ce qui va me permettre de t’aider, estimable Midoulet…
— M’aider ?… À quoi ?
— À rattraper ton général Japonais.
Midoulet ne put dissimuler une grimace.
— Tu sais, Blondeau, je ne la trouve pas drôle, ta plaisanterie.
— Mais je ne plaisante pas.
— Encore !
— Tu peux rejoindre le Shanghai à Brindisi ; même y arriver cinq ou six heures avant lui.
— Tu as un aéroplane à me proposer ?
— Plus simple que cela : le modeste chemin de fer. Le rapide de dix heures ; tu as le temps de le prendre ; il te conduit à Gênes avec correspondance vers le Sud-Italien.
— Et il va plus vite que le Shanghaï ?
— Il lui amène les passagers venus d’Allemagne par le Saint-Gothard.
Transporté de joie, Midoulet secoua les mains de son collègue si vigoureusement que l’on eût pu craindre qu’il les désarticulât.
— Ah ! mon cher Blondeau, je te revaudrai cela ! Adieu… merci… au revoir ! Je file à la gare.