Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/92

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Tout en jetant ces paroles, Midoulet s’éloignait déjà, à la recherche d’un véhicule pouvant le conduire rapidement à la gare de Marseille-Saint-Charles.

Il avait une demi-heure devant lui ; ce qui eût suffi largement pour effectuer la route à pied. Mais il venait de manquer un paquebot et, tremblant de manquer un train, il lui semblait indispensable d’user des moyens les plus rapides.

Le Shanghaï, cependant, avait gagné la haute mer.

Sur le pont, les passagers se promenaient, ou bien, étendus sur des rocking-chairs, se formaient par groupes sympathiques, préludant ainsi à ces amitiés, souvent durables, qui se nouent pendant les traversées.

Il semble que, perdu entre le ciel et l’eau, l’homme si présomptueux sur la terre ferme, reprend conscience de sa faiblesse. Il recherche alors l’appui de son semblable et donne plus facilement l’essor à ses facultés émotives.

Certaine que Midoulet ne se trouvait pas à bord, Emmie s’était approchée de Sika, et avec cette familiarité spéciale, admise à bord des paquebots, elle était entrée en matière par quelques aperçus sans originalité sur l’état de la mer.

En bateau, comme en chemin de fer, la pluie et le beau temps sont questions à l’ordre du jour, ce qui démontre bien la pauvreté des ressources dialoguées de l’humanité.

Puis, le bris de la glace ainsi résolu, pour la satisfaction des oreilles indiscrètes, la petite Parisienne, faisant signe à son interlocutrice de la suivre, avait entraîné celle-ci à distance respectueuse des autres voyageurs.

— Mademoiselle, dit-elle alors, vous êtes une jeune fille ; moi je suis sur la frontière qui sépare la fillette de la demoiselle. Rien de plus naturel que nous nous recherchions.

— Et, ajouta gaiement Sika, la traversée nous venant en aide…

— Le voleur de pantalons étant d’ailleurs semé,