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CHAPITRE VI

VERS LE PAYS BATTA


Gavrelotten s’était retiré dans sa chambre, où l’agent d’affaires, son futur beau-père, l’avait suivi pour continuer à le quereller.

Morlaix, enfermé avec Albin dans l’appartement de ce dernier, avait dépouillé l’ami et était redevenu le valet de chambre.

Avec une sollicitude touchante, il servait son compagnon de voyage, lequel, visiblement affamé, engloutissait le souper que, fidèle à sa promesse, Rana lui avait fait préparer.

Ni les uns ni les autres ne soupçonnèrent ce qui se passait au même instant à l’autre extrémité de la plantation.

Se glissant avec précaution entre les arbres, se courbant vers le sol lorsqu’elle avait à traverser un espace dénudé, une ombre humaine atteignait les limites de la propriété.

Enveloppée d’un long tchatra, — manteau rayé à capuchon, — l’ombre avançait sans bruit. Parvenue à la lisière d’un champ de caféiers, elle fit halte.

Devant elle s’étendait la campagne baignée d’une nuit bleutée. Dans la transparence de l’air, des myriades de « mouches à feu » entre-croisaient leur vol lumineux, donnant l’impression d’une pluie d’étoiles.