Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/128

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son interlocuteur. Il ne s’en émut pas, cependant, et, continuant son rôle de directeur des épreuves :

— Entre dans le temple.

— À l’instant.

— Tu y rencontreras des serviteurs qui te prépareront à la cérémonie.

— Parfait.

Puis avec un geste résolu, la tête haute, ayant au fond de lui-même la conscience que, par son attitude, il donnerait à la foule l’impression d’un héros, il pénétra dans la Grande Hutte.

Hato et son père semblaient attendre cet instant.

Ils sortirent, croisant l’Allemand, puis, contournant la paroi extérieure, ils disparurent derrière le temple.

De ce côté, personne. Toute la population était rassemblée du côté opposé. Les deux faces bleues s’assirent sur le sol.

— Pourvu que cet homme ne triomphe pas, soupira la jeune fille.

— Aucun danger, répliqua le vieillard d’une voix qu’Albin et Niclauss, s’ils avaient pu l’entendre, eussent reconnue sans effort être celle de Rana. Celui pour qui sont tes vœux, ma Daalia, avait été prévenu par moi. Jamais aucun Batta n’a supporté l’épreuve avec autant de stoïcisme…

— Une faute, cependant.

— Il te regardait, il n’a pas vu venir le couteau, et le froid de la lame sur la peau lui a arraché un léger cri.

— Il me regardait, dis-tu ?

— Oui.

— S’il avait reconnu en moi celle qu’il a rencontrée sur le port, le jour de son arrestation.

Rana pétrit dans ses mains celles de sa fille de lait.

— Ne crains pas cela. La teinte bleue répandue sur ton visage te métamorphose entièrement. Ton père lui-même ne te reconnaîtrait pas pour sa fille.

— Alors pourquoi me regardait-il avec autant d’attention ?

— Tiens, une figure bleue, cela étonne.

Et doucement :