Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/129

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— Je suis plus difficile à déguiser que toi. Pourtant il n’est venu à l’esprit d’aucun de ces blancs que je suis la vieille Rana… qui les a si malmenés hier soir.

À ce souvenir, Daalia ne put se tenir de rire.

— Le fait est mie tu les as tyrannisés… Du dehors j’assistais à la séance, j’ai même failli me laisser surprendre quand vous êtes passés au salon…

— Chut !

Daalia se tut brusquement.

Pourquoi Rana lui adressait-elle cet avertissement ?

Elle promena autour d’elle un œil curieux et étouffa à grand’peine un cri.

Albin, ayant contourné la Grande Hutte, ainsi qu’elles-mêmes, considérait les deux femmes.

À vingt pas d’elles, il s’était adossé au tronc d’un palmier, et de ce poste d’observation, faisait peser sur elles un regard investigateur.

— Fleurette Rosée, fit la nourrice d’un ton si bas que sa compagne l’entendit à peine, feins de ne pas voir ce jeune homme. Dans un Instant, nous nous lèverons et retournerons devant le temple.

— C’est cela. Mais… tu vois bien qu’il a un soupçon.

— Peut-être. Raison de plus pour être prudentes. S’il découvrait la vérité, tu serais perdue. Oraï et Miria-Outan verseraient ton sang sur l’autel de M’Prahu.

La jeune fille frissonna.

— Oh ! folle que j’ai été !

— Tu dis vrai, petite Fleur, ton vœu était insensé ; mais il est fait à présent, rien ne peut l’empêcher d’exister. Il faut donc agir avec sagesse pour te préserver du malheur.

— Il vient vers nous.

C’était vrai. Albin se dirigeait vers les deux femmes.

D’un même mouvement, elles se dressèrent sur leurs pieds. Si Rana ne lui avait, saisi le poignet, la fille de l’oncle François se fût enfuie.

Gravelotte allait certainement lui parler, l’interroger. Que répondrait-elle ?

Dans le trouble de sa pensée, elle le regardait ve-