Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/199

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ner une explication, elles arrivèrent à formuler une supposition :

— Il n’y a pas de tectootalers (associations de buveurs d’eau) dans l’Amérique du Sud ?

— Je n’ai jamais entendu dire, mistress.

— Et point davantage à Java ?

— Je crois, comme vous, les associations de tempérance inconnues dans cette île.

Eléna secoua le chef, comme si elle arrivait à la solution du problème.

— Ne pensez-vous pas l’alcoolisme amène la folie ?

— Tous les doctors affirment cela.

— Ces gens qui persécutent nous-mêmes ne seraient-ils pas des maniaques de l’alcool ?

— Peut-être.

— Car enfin, en quoi pouvons-nous devenir suspectes à un gouvernement, si les fonctionnaires ne sont pas atteints du délire de la persécution…

— … envers les autres, compléta douloureusement la demoiselle de compagnie.

— Parfaitement. Vous pensez donc ainsi que moi ?

— Je pense toujours avec plaisir comme mistress Doodee ; seulement à cette heure ce qu’elle pense ne m’apparaît pas clairement ; si bien que je pense comme elle, mais seulement par approximation.

Un petit cri indigné d’Eléna coupa brusquement la phrase de son interlocutrice.

— Par approximation, osez-vous dire ? Par approximation vous pensez que la terre superficielle est peuplée d’alcooliques.

— Oui, non, comme il plaira à mistress, bredouilla Grace interloquée.

— Taisez-vous.

— Je me tais.

— Et dites-moi…

— Si je me tais, je ne puis pas dire.

— C’est une figure, femme obtuse et bavarde ; une figure comme on appelle cette forme de langage dans les Universités.

— Bien, bien… Ma figure était surprise de la vôtre, voilà tout. Mais achevez, chère mistress, afin que je pense tout à fait comme vous.

Eléna ouvrait la bouche, quand un objet, venant de