Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/234

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que à la foi jurée, verra sa langue se paralyser, son bras se dessécher.

— Sur ma langue et sur mon bras, s’exclama l’homme d’affaires, avec un abandon qui en disait long sur la valeur attribuée par lui à la parole donnée, sur mon bras, je fais le serment que tu désires ! Et maintenant, parle sans crainte. Tâche de m’en apprendre pour mes mille rixdales.

Certes, l’Allemand ne regretta pas sa mise, car il en apprit, suivant son expression, pour son argent.

— François Gravelotte, déclara Darnaïl, ne s’est jamais plié à la coutume batta. Jamais il n’a eu huit épouses. Il a simplement fondé huit comptoirs : deux à Sumatra, un à Java, d’autres à Manille, Bornéo, en Nouvelle-Guinée, à Nouméa et à Taïti. Il a envoyé dans chacun une jeune fille batta pour le gérer.

— Mais alors qu’est cette histoire dont il nous a gratifiés ?

— C’est le vœu de M’Prahu.

— Vous dites ?

— Qui permet de s’assurer qu’un homme possède les huit vertus du guerrier : patience, mépris de la souffrance et de la mort, savoir, ruse, volonté, mémoire, autorité, douceur dans la famille.

— Je sais quelqu’un qui les a toutes, se confia tout bas Lisbeth.

Fleck, lui, rayonnait.

— Mais alors, l’oncle François est fou… Dites donc, Herr Niclauss, au cas où nous ne réussirions pas, nous aurions la ressource de le faire interdire comme incapable d’administrer sa fortune. Un insensé peut seul avoir de pareilles imaginations.

— Oh ! s’écria légèrement Negoro, l’idée n’est pas de lui.

— Et de qui donc, je vous prie ?

Les négociants se regardèrent, sourirent, semblèrent s’encourager du geste. Enfin, la bayadère reprit :

— Ce que vous désirez connaître mérite une gratification…

— … supplémentaire, appuya le garde.

— Et nous ne doutons pas…

— … de votre généralité.

Économe, l’agent d’affaires l’était ordinairement, mais une longue pratique des opérations louches le