Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/262

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— Albin Gravelotte, appelle-t-il, Niclauss GavreLotten.

Les rivaux s’approchent.

— Le sultan, continue le fonctionnaire, le sultan, parure des dieux, protecteur des étoiles, lumière du soleil, sait le but de votre voyage.

Tout bas, il ajoute vivement :

— Inclinez-vous. 

Et les jeunes gens ayant opéré une flexion respectueuse, il continue :

— Sa Grandeur sans bornes, vous approuve, et pour vous donner un témoignage manifeste de sa protection, elle assistera en personne aux épreuves du Savoir, que vous allez subir et dont le prix est la main de Darnaïl, la plus parfaite des bayadères.

À ces mots, Niclauss tourne la tête vers Fleck. Il manifeste ainsi sa surprise. Les affirmations du résident sont en contradiction avec celles de Darnail.

Mais une vive douleur à la main droite rappelle son attention.

Un maître de cérémonies vient de lui cingler les doigts d’une baguette d’ivoire.

Et le sultan esquisse un geste vague.

Des jeunes filles aux vêtements jaune pâle s’avancent alors sur les genoux. Ce sont les servantes porte-cave.

Elles ont des aiguières d’or dont elles versent le contenu dans des gobelets de même métal, et toujours agenouillées, elles offrent ces derniers aux deux cousins.

— Est-ce une épreuve, pense Albin ?

Ici, personne ne l’a prévenu, mais son intelligence est en éveil. La prudence lui souffle :

— Attends !

Il regarde Niclauss. Ce dernier approche le gobelet de ses lèvres, l’incline, le vide dans sa bouche et tout aussitôt, sans souci de l’étiquette, il renvoie le liquide en fusée, toussant, crachant, éternuant.

Sujets prosternés, sultan, servantes, tous sont pris d’un rire inextinguible. Mille voix proclament Albin vainqueur dans cette première épreuve du Savoir. Il n’a pas bu le porto contenant en décoction le fehran, baie astringente et amère d’un sapin des montagnes.

Et Niclauss, furieux, la bouche mauvaise, riposte