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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/281

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Comment répondre ?… Oraï qui est caché avec un son poignard !…

Mais Albin répète sa question.

Alors, elle se décide à ruser, à donner la réplique vague qui ne peut soulever la colère du faux douanier :

— Vous savez bien qui je suis.

— Permettez !

— Souvenez-vous de mon embarquement en Angleterre.

— En Angleterre ?

Les sourcils de Gravelotte se courbent en accents circonflexes. Eléna ne s’en aperçoit même pas. Toute à son idée, elle continue :

— Et puis au relais de Pantenang.

— Au relais, c’était vous !

C’est un véritable rugissement qui s’échappe des lèvres du Français.

— Quoi ? l’Américaine à la voilette bleue ?

— La voilette bleue n’était pas la mienne. Je suis Anglaise, vous le savez bien.

— Je le sais ?

Albin a la physionomie d’un fou, et Mrs. Doodee continue toujours.

— Ma voilette était verte.

— Verte, mais non bleue.

— C’est ce que je dis. Bleue après l’échange.

— Quel échange ? La gentille Saxonne frappe ses mains avec impatience.

— C’est clair, cependant.

— Ah ! vous trouvez ?

— Certes ! Décidément, les femmes sont plus clairvoyantes que les hommes ! Ainsi, moi, je n’ai pas hésité à reconnaître en vous le quatre centième que je cherchais.

— Le quatre centième ?

Les traits d’Albin expriment l’abrutissement. Ces voiles bleus et verts, ce chiffre de quatre cents cavalcadent dans sa pensée en une farandole furieuse et incompréhensible.

Il veut demander des éclaircissements, que Niclauss, très interloqué également, souhaite autant que lui.

Il n’en a pas le temps.