Oraï sort de sa cachette. Il vient se prosterner devant le Sultan, et d’une voix grave :
— Valeureux prince, lumière de l’Orient, l’heure est venue où ton serviteur et ses compagnes doivent renoncer aux bienfaits de ton hospitalité. Permets-nous de prendre congé.
— Tu es libre, murmure le souverain de Djokjokarta.
Oraï aussitôt saisit les poignets d’Eléna et de Mable. Il les entraîne à travers le dédale des paravents.
Albin veut les retenir.
Un geste du Sultan le cloue sur place.
— Mes hôtes ont le droit de se retirer librement.
Et le jeune homme, affolé, se prend la tête à deux mains, pendant que le sacrificateur sort avec les deux Anglaises.
— Qu’est-ce que tout cela signifie ?
— Je n’en sais rien.
— C’est une charade, un rébus en action.
— Dont Darnaïl nous donnera le mot.
Ainsi discutent Albin et Morlaix, tout en parcourant à grands pas les avenues ombragées de Djokjokarta.
— Au surplus, reprit le domestique ami, une chose déjà ressort clairement. Non seulement l’oncle François ne parle pas de sa fille ; mais encore, il veut l’écarter de ta route.
— Où prends-tu cela ?
— Où tu vas le prendre toi-même, si tu daignes suivre mon raisonnement.
Albin eut un geste las :
— Va, je t’écoute.
— À Batavia, tu as cru reconnaître Mlle Daalia sous le costume d’une Américaine au voile bleu.
— Je l’ai vue, ainsi que je te l’ai conté.
— Parfait. Qu’est-il arrivé ? Au point du jour, cette espèce de prêtre douanier qui répond au nom d’Oraï a quitté le Nederlandische Hôtel, avec deux dames voilées de bleu.
— Ce qui m’a trompé.
— Justement. Nous nous sommes lancés à leur poursuite, et ce diable d’homme (c’est étonnant comme les sauvages sont plus rusés que les Pari-