Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/283

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siens !) nous a conduits jusqu’ici, en nous laissant croire que ses compagnes…

— Étaient celles du Nederlandische.

Morlaix se frotta les mains d’un air satisfait :

— À la bonne heure ! Or, quelles étaient ces dames ? Deux Anglaises qui, ainsi que tu me l’as déclaré, se plaignaient que l’on eût remplacé leurs voiles verts par les bleus dont nous étions victimes.

— Oui, eh bien ?

— Comment ! tu ne saisis pas ?

— Qu’ai-je à saisir ?

— Ceci… Ô esprit indolent !

Et, lentement, comme pour bien faire, pénétrer la conviction dans le cerveau de son ami, Morlaix reprit :

— Les Anglaises ont été affublées des voilettes bleues ; ne crois-tu pas que les propriétaires de ces dernières ont dû recevoir, en échange, les voilettes ventes.

— Pourquoi ?

— Pour s’en aller tranquillement de leur côté, pendant que nous faisions la chasse aux gazes d’azur, qui, par malheur, n’abritaient plus les mêmes visages.

Gravelotte l’arrêta net :

— Alors, d’après toi, la substitution aurait été opérée contre nous ?

— Oui, cher ami, et plus spécialement contre toi.

— Mais dans quel but ?

— Dans le but de t’éloigner du Nederlandische Hôtel, de t’empêcher de rencontrer l’énigmatique jeune fille qui te préoccupe, et d’éviter sans doute une explication que l’on juge inutile ou dangereuse.

Puis, changeant de ton :

— En veux-tu une nouvelle preuve ?

— Va toujours.

— Une personne, qui vient de souffrir d’un accès de fièvre pernicieuse, n’est pas en état de supporter la fatigue d’un long voyage… on ne l’oblige donc pas à partir à l’aube.

— C’est vrai, approuva Albin, frappé par l’argument.

— Dès lors, le jeu de nos adversaires est clair. De jour, il t’aurait été trop aisé de te rapprocher de la malade ; prendre des nouvelles paraissait indiqué.