Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/295

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Sept fois déjà, on avait opéré ainsi sans succès. Les fugitifs n’avaient été aperçus nulle part. On eût dit qu’ils s’étaient évanouis en fumée.

En français, en allemand, en néerlandais, Albin, Fleck, Niclauss, le wattman lui-même, maugréaient, pestaient, ce qui, du reste, ne servait absolument de rien.

Lisbeth seule paraissait se désintéresser de l’aventure, et elle murmurait avec une insouciance dont son père lui eût fait reproche, s’il n’avait été trop occupé lui-même :

Conque panachée, chasse manquée !

Un sentier sablonneux, coupé d’ornières, se présenta sur la droite de la route. Le wattman stoppa.

— Mauvais chemin, messieurs, faut-il nous y engager ?

La sente n’était évidemment pas une voie de communication. C’était une simple passe, qui aboutissait, quatre kilomètres plus loin, à une haute montagne dont la cime disparaissait sous d’épaisses vapeurs.

— Le sentier du volcan Mérapi, expliqua le mécanicien.

Cette phrase n’avait pas besoin de commentaires. Le volcan Mérapi, énorme masse rocheuse, incessamment agitée comme les parois d’une chaudière, sous l’effort des feux intérieurs, répand fréquemment à la ronde des pluies de cendres, de boue, de soufre. Aussi, les routes se sont-elles prudemment écartées de sa base. Toutes se déroulent à distance respectueuse.

Oraï ne se serait pas engagé dans le chemin du Mérapi, véritable cul-de-sac, où sa voiture eût été prisonnière.

Et Gravelotte allait donner l’ordre de passer outre, quand des cris lointains arrêtèrent la parole sur ses lèvres.

On eût cru entendre un cocher javanais excitant son attelage suivant la coutume du pays.

Bientôt, il n’y eut plus de doute.

Des claquements de fouet s’ajoutaient aux éclats de voix. Un véhicule parcourait la sente, se rapprochant de la grand’route.

Tous regardaient, cherchant à distinguer, à travers les buissons, la voiture signalée.

Soudain, ils eurent une clameur de surprise.