Un léger carrosse, attelé de quatre poneys, déboucha des verdures, et — c’est là ce qui avait motivé les exclamations, — les minuscules coursiers portaient à l’oreille un flot de rubans aux couleurs du Sultan de Djokjokarta.
D’un bond, Albin se précipita à la tête des chevaux. Fleck, Niclauss, Morlaix le rejoignirent aussitôt.
Le cocher les considérait sans marquer la moindre velléité de résistance.
— D’où viens-tu ?
L’indigène sourit.
— Du pied du Mérapi.
— Pourquoi es-tu allé en cet endroit désolé ?
— Pour obéir aux ordres de ceux qui occupaient ma voiture. Un officier des douanes et deux dames voilées de bleu.
Oraï, les Anglaises étaient donc là-bas, sur le volcan, presque à portée de la main !
Au moment où les poursuivants désespéraient de les joindre, le hasard les leur livrait.
— Tu dois les attendre ici ? reprit Albin après un instant de silence.
— Non, Saheb. Je ne les attendrai nulle part, car ils m’ont payé et renvoyé en me disant qu’ils n’avaient plus besoin de moi.
Décidément, les cousins passaient de surprise en surprise.
— Plus besoin de toi ? Ils n’ont pas l’Intention de rester sur le Mérapi ?
— Oh ! non, Saheb. Ils veulent seulement que M’Prahu, le dieu des Soumhadryens idolâtres, creuse un abîme de feu entre eux et des ennemis qui les suivent à la trace.
— Bon ! fit Morlaix, en riant, ceci peut se traduire en langage vulgaire : la masse du Mérapi nous séparera les uns des autres. Trompons les calculs de ce farceur d’Oraï. L’automobile ne circulerait pas dans ce terrain défoncé ; qu’elle nous attende ici avec Mlle Lisbeth, et nous, en chasse !