Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/298

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Mais aucun des ascensionnistes ne regarde, aucun n’admire cette merveilleuse prodigalité de la nature.

Ils se pressent. Ils ont hâte de rejoindre Oraï, de le tenir, de l’obliger à confesser le pourquoi du mystère qui les a entraînés, les uns et les autres, à seize mille kilomètres de l’Europe occidentale.

De temps à autre, une exclamation rageuse raisonne.

— Ces odieuses pierres chassent sous le pied !

— Oh ! griffé encore !

Celui qui a failli tomber ou qu’une pointe a marqué d’un sillon sanguinolent s’arrête une seconde ; les autres ne l’attendent pas. En les voyant poursuivre leur marche, le sentiment de la situation revient au mécontent qui se hâte de les rejoindre.

On monte toujours.

Déjà les lianes se font moins serrées, les arbres poussent moins dru.

— Courage ! murmura Morlaix. Nous approchons.

— À quoi voyez-vous cela ? interrogea Niclauss, essoufflé.

Le domestique ami a un sourire.

— Vous n’avez pas l’habitude des volcans, raille-t-il.

— Ma foi, non. En Allemagne…

— Il n’y en a, pour ainsi dire, pas. C’est juste. Alors, je m’empresse de vous expliquer la chose.

Et, avec le plus grand sérieux :

— Un volcan est une sorte de marmite renversée, dont le fond percé laisserait échapper le contenu sous forme de vapeurs, soufre, pierre ponce, cendre, etc. 

— Je sais cela, fait Gavrelotten avec humeur. Nous autres, Allemands, nous possédons toutes les définitions.

Sans sourciller, Morlaix s’incline :

— Pardon, j’oubliais l’axiome usité en Russie : les Français inventent, les Allemands définissent.

— Ah ! mais, permettez…

— Je vous permettrai tout ce qu’il vous plaira, monsieur. Seulement, je m’octroierai d’abord la permission de vous faire remarquer que, si vous m’interrompez toujours, je ne pourrai jamais répondre à la question qui me vaut l’honneur de cet entretien.

Du coup, Niclauss se tut, et le facétieux Parisien reprit :