Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/300

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Ils marchent, ils marchent encore.

Les remblais dont la vue est bornée s’abaissent.

La sente débouche sur un plateau.

Tous ont un même cri :

— Enfin !

À trois cents mètres d’eux, un homme, deux femmes sont arrêtés près d’un bloc de rocher. La silhouette d’Oraï, les voiles bleus de ses compagnes se découpent sur le sol calciné.

Tous s’arrêtent pour reprendre haleine ! Ah ! ils peuvent bien s’accorder ce moment de repos ! Ceux qu’ils poursuivent sont là, à portée de la main. Ils ne sauraient plus leur échapper.

Et ils échangent des phrases étonnées :

— Que fait donc Oraï ?

— On croirait qu’il creuse le sol.

— Tiens ! ces ladies nous font signe d’accourir.

— Oraï se tourne vers elles. Il est furieux, ses gestes disent la menace.

— Bah ! emparons-nous de lui ; cela le calmera.

Ils s’élancent. Il leur semble que le sacrificateur a répondu à leur mouvement par un geste de défi.

Ils se hâtent, mais on dirait qu’Oraï accélère aussi son travail. Avec un instrument que les voyageurs distinguent mal, il frappe la terre. Il a l’air de piocher.

Cent mètres séparent à peine les deux groupes.

Une minute de marche encore et ils seront réunis.

Soudain, Albin et ses compagnons demeurent stupéfaits. La terre vient de frissonner sous leurs pieds et, dans le sous-sol, vibre comme un gazouillis plaintif.

Qu’est-ce ?

C’est le volcan qui va répliquer.

Une épaisse volute de fumée jaillit là où le prêtre de M’Prahu creusait. En brouillard bleuâtre, elle s’étale, voilant le sacrificateur et les captives qu’il conduit.

Puis, des sifflements, des crépitements. Les Européens chancellent, se heurtent les uns contre les autres, on croirait que la croûte terrestre s’est soulevée.

Et puis, un long crissement, tel le bruit d’une soie que l’on déchire, un rideau gris jaunâtre monte vers le ciel, s’infléchit en courbe parabolique et retombe