Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/301

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sous la forme d’une grêle de petits cailloux brûlants.

Ce que les voyageurs ignorent c’est qu’ils sont sur la « Solfatare du Mérapi ». C’est une partie du flanc de la montagne dont les étranges propriétés sont bien connues de tous les indigènes de l’Archipel javanais.

En ce point, il suffit de creuser légèrement le sol pour provoquer une éruption de vapeurs sulfureuses, de soufre et de légères scories.

Oraï a utilisé cette disposition et il a créé ainsi, entre lui et ceux qui le poursuivent, une barrière de feu.

Les géologues supposent que le flanc de la montagne contient une vaste caverne, comme une énorme ampoule, pleine de matières ignées. Est-ce là la véritable explication des phénomènes ? Peut-être. En tout cas, le phénomène est patent.

Aveuglés par les vapeurs, toussant, éternuant sous la piqûre de l’acide sulfureux, les yeux larmoyants, les Européens entrevoient confusément les silhouettes du sacrificateur et des Anglaises se mouvant dans le brouillard bleuté, incessamment épaissi. Puis, ils ne voient plus rien.

La terre tremble sous leurs pas.

Crrrac ! Une détonation stridente crépite. C’est une solfatare qui vient de s’ouvrir à leur gauche, vomissant un jet de soufre igné au milieu d’épaisses fumées.

Autour d’eux apparaissent des cônes éruptifs en miniature. Le sol se couvre de pustules qui éclatent, lançant vers le ciel des fumerolles, des coulées de soufre enflammé.

L’atmosphère devient irrespirable. Il faut fuir devant l’asphyxiante fumée.

C’est une débandade, une fuite éperdue, qui prend fin seulement sous les arbres de la forêt.

À la lisière, tous se sont arrêtés. Ils regardent en arrière.

Le sommet de la montagne est invisible ; entre lui et les voyageurs s’étend un rideau bleuâtre traversé de jets fulgurants.

D’Oraï et de ses compagnes, plus de traces.

Ont-ils profité du désordre des éléments pour se mettre hors de portée des poursuivants ?

Ont-ils été victimes de l’éruption provoquée par le sacrificateur ?