Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/357

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l’attitude de son subordonné ; puis, lentement, rendant toniques toutes les syllabes, comme s’il pensait, en augmentant leur valeur d’intonation, les faire plus pénétrantes, plus claires, plus prenantes :

— La señorita Daalia est toujours à Mariveles.

— Je l’ignore.

— Je n’interroge pas, j’affirme.

— Alors, cela doit être.

— Une part de sa fortune nous assurerait la possibilité de tenir la campagne durant de longs mois.

— En effet

— Eh bien, je tente une démarche extrême pour l’amener à se livrer à nous, à décider Stiggs lui-même à le lui conseiller.

Antonio eut un léger frisson, si léger que son chef ne le remarqua pas. Son accent, du reste, était terme et calme lorsqu’il questionna :

— Espères-tu être plus heureux que la dernière fois, quand tu m’as envoyé au fort ?

— Oui.

— Alors, je pars.

— Pas si vite ! Laisse-moi t’apprendre la raison de mon espoir. J’ai sept prisonniers. J’annonce que demain, à midi, tous seront mis à mort, si la señorita ne s’est pas pliée à ma volonté.

Un rire silencieux rida la face bronzée du mulâtre.

— Merci de me prévenir. Je pourrai marcher rapidement à l’aller, sans crainte de me fatiguer, car je n’aurai certainement pas la peine de revenir.

— Parce que ?…

— Stiggs, qui m’a épargné par miracle à notre dernière entrevue, me fera fusiller, cette fois.

— Aurais-tu peur de mourir ?

Philosophiquement, Antonio haussa les épaules :

— Un chef doit connaître ses soldats !

Et d’un ton indéfinissable :

— Je me mets en route après une question encore. Suppose la señorita ici. Pour un motif quelconque, elle ne te procure pas la somme que tu le crois en droit d’exiger d’elle. Qu’en feras-tu ?

— Nous sommes trop pauvres pour nourrir des bouches inutiles, Antonio.

— Bon… Un coup de couteau, alors.

— Ou une corde autour, du col. Tu t’intéresses donc à cette jeune fille ?