Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/368

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sans crainte. Vous m’avez fait dire : « Si vous ne vous rendez pas prisonnière, un de mes captifs, Albin Gravelotte, mourra. » Je n’ai même pas demandé à combien vous taxeriez ma liberté, je suis venue pour le sauver, car je ne veux pas qu’il meure.

Le Français fut étourdi par l’accent profond dont furent prononcées ces paroles. Pour la première fois, il entrevoyait je secret de l’âme de Daalia. Mais la conversation se poursuivait dans la pièce voisine, il fallait écouter.

— Dans quelle bizarre situation vous a mise votre vœu à M’Prahu ! venait de prononcer négligemment Moralès.

— Nicliam m’a trahie ; vous savez tout, fit la douce enfant.

— Ma foi, oui, señorita. Ne le regrettez pas, c’est l’indépendance d’un peuple qui profitera de la confidence.

Et, narquois :

— Elle m’a tout dit. Votre serment au dieu des Battas, vos deux cousins rivaux, l’histoire des huit fiancées qui n’ont jamais existé, en tant que fiancées du moins, que dans votre imagination. Et puis aussi votre sympathie pour un cousin de France, Albin Gravelotte, le désir de le voir sortir vainqueur des épreuves, et enfin votre crainte qu’il découvre la vérité ; car, s’il l’apprenait jamais, Oraï, sacrificateur des Battas, devrait vous immoler sur l’autel sanglant de son dieu redoutable.

Elle eut un cri d’effroi :

— Taisez-vous… Je ne veux pas mourir !

Dans son réduit, Albin s’appuyait au mur. Une commotion l’avait bouleversé tout entier. Le secret qu’il venait de surprendre pouvait coûter la vie à Daalia, à cette jeune fille que son cœur avait devinée.

La voix de Moralès s’éleva de nouveau :

— Deux points sont acquis, señorita : vous ne voulez pas périr ; vous souhaitez que le señor Albin vive.

— En ce cas, causons donc rançon.

Elle consentit d’un signe de tête, et le rebelle, souriant, reprit :

— Si j’étais seul en cause, vous verriez que les Tagals ne sont pas tous épris d’or. Par malheur pour