Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/387

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était absorbée par la mise à l’eau de l’embarcation qui allait ramener Antonio vers la côte.

En trois minutes, la chaloupe fut à flot, les rameurs à leurs bancs.

Sur l’invitation du commandant, le métis s’empressa de les joindre.

— Nage !

Les avirons, d’un même mouvement, s’enfoncèrent dans l’eau clapotante et la barque s’éloigna dans la direction de la terre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les fugitifs n’avaient pas bougé de place.

Personne ne parlait.

Tous regardaient la mer, le vaisseau lointain dont la situation était trahie par les feux de position. Ce navire, c’était la fuite assurée ; c’était l’éloignement de cette île de Luçon où, depuis leur arrivée, ils n’avaient rencontré qu’embûches de toutes sortes.

— Nous aurons un secret à deux, murmura Daalia à l’oreille d’Albin.

— Oui, fit doucement le jeune Parisien.

Et, d’un ton pensif :

— Caprice troublant de la destinée ! Nous allions l’un vers l’autre sans nous connaître.

Il s’arrêta, parut écouter :

— C’est curieux. Il me semble entendre au loin le galop d’un cheval.

À son tour, la jeune fille prêta l’oreille. Elle aussi perçut le son qui avait frappé Gravelotte. On eût dit qu’un cheval lancé à toute allure galopait sur la trace des fugitifs.

Dans le désert, tout ce qui ne s’explique pas inquiète. Un bruit peut signaler l’approche d’un ennemi, un nuage de poussière précéder la venue d’une bande de pillards, ici tout devait être considéré avec une gravité encore plus grande. La petite troupe n’était-elle pas composée de captifs évadés ?

Cependant, le bruit se rapprochait.

Il n’y avait pas à hésiter sur sa nature Les pieds d’un cheval au galop frappaient la terre de coups sonores et rythmés.

Fleck, Lisbeth, Morlaix entendaient la même chose, et les regards anxieux qu’ils jetaient du côté de la forêt, disaient assez le trouble où les plongeait l’arrivée d’un cavalier inconnu.