Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/431

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— Plutôt l’abîme que l’autel de M’Prahu.

— Bon ! avait fait Albin, va pour la bataille !

Mais, doucement, elle secoua la tête : 

— Vous, vous allez vous rendre à terre.

— Moi, allons donc !

— Vous n’êtes pas condamné, vous. Vous oublierez.

— Jamais !

Et, prenant la main de la jeune fille :

— Daalia, fit-il lentement, depuis l’instant où je vous ai aperçue à mon arrivée à Sumatra, je vis par vous. Mon âme est en vous, c’est la vôtre qui tremble en moi. Sans vous, l’existence me serait impossible. La vie humaine n’est qu’un acte du drame géant de la vie éternelle ; baissons le rideau ensemble, pour nous retrouver là où les lois qui régissent l’univers ont marqué la place de nos esprits. Le voulez-vous ?

Elle sourit doucement : 

— Oui, mon fiancé.

— Merci !

Ce fut tout.

L’officier russe avait suivi la scène. Il se détourna pour cacher une larme. Le Slave avait compris la grandeur de ces deux enfants du pays ami et allié. Il avait senti passer près de lui, tel un frôlement d’aile, l’âme héroïque et tendre de la Gaule.

Mais de nouveaux personnages sollicitaient son attention.

Aux fumées noires s’échappent des cheminées du Varyag et du Koreietz, les officiers des croiseurs européens avaient compris que les Russes se préparaient à appareiller.

Or, cette résolution, alors qu’une flotte japonaise, en ordre de bataille, occupait les abords de Chemulpo, les avait inquiétés.

Et sous la conduite des commandants des navires français Pascal et Gueydon, ils venaient s’enquérir de la situation qu’ils devinaient vaguement.

Ce fut, à l’audition de la vérité, un concert de malédictions contre la cruauté japonaise.

Anglais, Italiens, Américains rugirent.

Un délégué fut expédié à l’amiral Uriu pour lui faire part de la protestation de tous.

Démarche inutile. Le messager revint, rapportant cette réponse :

— Si j’outrepasse mes pouvoirs, mon maître est