Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/442

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— Amenez ceux qui ont demandé à être entendus de M’Prahu.

À ces paroles, prononcées par Myria-Outan, tout se tait, musique et peuple. On croirait que la vie s’est retirée de cette foule.

Mais des pas discrets glissent sur le sol. Du fond d’une galerie latérale s’avancent des torches. Elles se rapprochent, et l’on distingue les serviteurs du temple, uniformément vêtus de noirs langoutis, le visage caché par des masques noirs et blancs qui grimacent affreusement.

Ils s’arrêtent devant la statue du dieu.

Au milieu d’eux sont des Européens. Les torches sont fichées autour de ces hommes qui donnent l’impression de prisonniers et éclairent leurs visages pâles.

— François Gravelote, Albin !

Le père de Daalia, le fiancé de la jeune fille sont là. Leurs traits sont attristés ; leurs yeux expriment la douleur.

Et Myria-Outan leur parle :

— Hommes, que venez-vous faire dans ce temple ?

Que demandez-vous au tout-puissant M’Prahu ?

C’est Albin qui répond par ce seul mot :

— Justice !

Il y a un frisson dans la foule ; mais le grand prêtre lève la main.

— En quoi es-tu lésé ?

— En la personne du frère de mon père, François Gravelotte, ici présent ; en la personne de ma cousine Daalia…

— Qui va être égorgée sur l’autel des sacrifices.

La main de Myria-Outan s’appuie sur le cube de basalte.

— Précisément, reprend le jeune homme. Cette mort privera son père de la plus exquise des tendresses, et elle me privera, moi, d’une compagne à laquelle je souhaitais consacrer mes jours.

— Elle doit périr, car elle a trahi son serment à la divinité.

— Trahi, la pauvre enfant ! Non, d’autres ont pris ce soin. C’est de la bouche de Moralès que j’ai appris la vérité.

— Peux-tu le prouver ?

— Je le jure !