Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/61

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Au premier rang, Albin Gravelotte et son fidèle Morlaix, leurs valises à la main, étaient bien en vue ; mais, il faut le reconnaître à la honte de la perspicacité générale, personne n’eût soupçonné en eux les « voleurs » attendus.

La passerelle réunissait maintenant le navire au quai.

Les passagers firent un mouvement pour s’élancer, mais un geste de Van Klijn les cloua sur place.

Le chef de la police, tout claudicant, s’était porté à l’extrémité du léger pont de bois.

— Messieurs Gravelotte et Cie, demanda-t-il.

Albin regarda Morlaix. Morlaix regarda Albin.

Enfin ce dernier fit un pas en avant :

— Gravelotte, c’est moi… et compagnie doit désigner mon valet de chambre, ici présent.

Un murmure stupéfait courut dans l’assistance, et Daalia traduisit l’impression générale en disant assez haut pour être entendue :

— Mais il n’a pas mauvais air du tout, ce bandit !

Cependant le policier parlait :

— Veuillez avancer, messieurs.

Albin et Morlaix gagnèrent aussitôt le quai, où ils se virent entourés par les agents de Van Klijn.

— Que signifie, commença le jeune homme ?…

Le boiteux s’inclina :

— Cela signifie, monsieur, qu’avisé de vos exploits à Paris, je vous arrête, à la requête de l’honorable M. François Gravelotte, qui nous écoute.

Sa main s’étendait vers le beau vieillard.

Albin eut un cri de joie :

— Mon oncle !… tout va s’expliquer…

Il ne continua pas. Un formidable éclat de rire venait de partir du groupe des curieux.

Les agents ricanaient aussi. Il n’était pas jusqu’au chef de la police qui ne fût secoué par l’hilarité…

— Votre oncle, répéta ce dernier. Ah ! elle est bonne celle-là ! Votre oncle !

— Mais certainement.

— Je ne demande qu’à vous croire. Vous avez des papiers ?

— Des papiers ?