Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/8

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Le garçon philosophe s’interrompit brusquement.

D’un clignement d’yeux, il recommanda le silence à son interlocuteur, puis se porta à la rencontre de deux personnages, qui venaient d’apparaître en haut de l’escalier.

De taille moyenne, l’un, vêtu avec une impeccable élégance, montrait un visage blanc et rose, les cheveux et la moustache châtain clair, presque blonds, des yeux d’un bleu profond où se lisaient la lassitude et l’ennui.

Tout chez son compagnon trahissait, au contraire, l’insouciance. Ses cheveux rouge vénitien, son nez légèrement retroussé, sa bouche souriante disaient la finesse, la propension à la gaieté, la nature que les soucis effleurent mais n’égratignent pas.

– Ces messieurs désirent ?

À cette question de Baptiste, le premier répondit :

– Un cabinet. Envoyez-moi le maître d’hôtel.

– À l’instant.

Et le garçon ouvrit la porte du 24, non sans adresser un coup d’œil d’intelligence à son camarade Justin.

Cependant, les « clients » s’installaient au 24.

Je m’en fiche, dit tout à coup le blond.

Le roux se retourna aussitôt, montrant ainsi que l’exclamation était son nom, ou tout au moins son sobriquet, et avec la correction d’un laquais bien stylé :

– Monsieur m’a sonné ?

Son interlocuteur lui frappa amicalement sur l’épaule :

– Mon cher Morlaix, dit Je-M’en-Fiche, cette soirée est la dernière de mon existence. Oublie que tu as voulu être mon domestique, pour te souvenir seulement que nous fûmes camarades de collège.

L’entrée du maître d’hôtel interrompit les jeunes gens.

– Ah ! s’écria ce dernier, monsieur Albin Gravelotte !… Monsieur nous a un peu négligés ces temps derniers !

– J’étais en voyage.

– Monsieur est trop bon d’expliquer… Je voulais