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Page:Ivoi - Le Serment de Daalia.djvu/82

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— Par cette lame brillante, psalmodia-t-il, je jure, ô M’Prahu, que cette jeune fille tiendra sa promesse, ou que la vie de la parjure sera tranchée en sa fleur.

Miria-Outan inclina la tête en signe d’approbation ; puis, appuyant la main sur le front de la pauvre Daalia :

— Va, jeune fille, et souviens-toi !

Elle s’en alla, rejoignit le palanquin qui l’avait amenée. Chancelante était sa démarche, égaré son regard.

En route, elle tressaillait au moindre bruit dans les buissons, dans les plantations, bordant la route.

C’est qu’elle connaissait la terrible loi de M’Prahu.

À cette heure, des yeux fanatiques la surveillaient et des kriss aigus étaient prêts à fouiller sa chair, si elle n’accomplissait pas le vœu ridicule qu’en un moment d’irréflexion elle avait prononcé.

Une légèreté de fillette devenait une menace de mort. 

Il lui fallait maintenant aller jusqu’au bout.

Et ce soir-là, François gronda, tempêta comme cela ne lui était jamais arrivé. Il maudit M’Prahu, sa fille, les sacrificateurs, les Battas et généralement la terre entière.

Aucun père ne lui adressera de reproches à cette occasion.

Il est vraiment pénible et ridicule de se voir condamné à jouer une comédie grotesque, née de la fantaisie d’une enfant gâtée, ou si l’on refuse ce rôle d’histrion, à perdre cette enfant gâtée, mais tendrement chérie.