Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/116

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Seulement le 19, au point du jour, trois cavaliers sortirent de Paris, les sabots de leurs chevaux sonnant sur le pavé.

C’étaient le pitre Bobèche, Espérat Milhuitcent et Henry Pandin, qui s’en allaient préparer la plus étrange, la plus incroyable révolution que relate l’histoire.

Deux jeunes gens, presque des enfants, et un comédien, se proposaient de changer la face du monde. Confiance aveugle des prédestinés, aucun ne doutait du succès.

La porte de Paris franchie, Espérat tendit la main vers la grande ville.

— Adieu, Paris, ou au revoir, dit-il gravement.

Et comme ses compagnons lui demandaient l’explication de ces paroles, il répondit tranquillement :

— Je viens de faire vœu de ne rentrer dans Paris qu’à la suite de l’Empereur. Si nous échouons, plus jamais mes pieds ne fouleront les trottoirs de la capitale.

Sur ce, il rendit la main. Sa monture accéléra son allure, et bientôt, la silhouette de Paris se perdit dans la brume glacée du matin.