Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/23

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— Voulez-vous vous installer, en attendant M. le comte ?

— Eh oui ! Mais m’estaller, ça ne demande pas des heures. Est-ce que je pourrais pas voir la jeune malade. Je l’observerais ainsi, té, et j’aurais mon opinion faite quand M. le comte il rentrera.

— Je crois qu’il sera très satisfait de votre empressement, Maître Denis.

— Alors, faisons vite, la lenteur me fait bouillir, hé donc !

Un instant après, les deux personnages avaient gagné une petite chambre située tout au haut de la maison.

Le rebouteur avait ouvert son coffre, et disposait soigneusement ses vêtements dans une armoire.

Tout en procédant à cette opération, il interrogeait :

— Et comment la maladie a-t-elle débuté, mon fils ?

— Ça, maître Denis, personne ne le sait au juste.

— Personne ?

— Non. Mlle Lucile avait épousé un M. Enrik Bilmsen, secrétaire de M. de Metternich, le premier ministre de S. M. l’empereur d’Autriche.

On eût dit que les mains du faux Denis tremblaient ; mais sa voix ne trahit aucune émotion en demandant :

— N’était-ce pas le jour où les Alliés entrèrent dans Paris ? — Si, précisément. Eh bien, au matin, on trouva Mademoiselle errant dans la campagne en toilette de mariée. Elle était folle. Son mari fut retrouvé mort, dans une chaumière de paysan ;… mort, assassiné.