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X

Où Espérat s’aperçoit qu’il est plus aisé de retrouver un sceptre qu’une jeune fille


— Sire, vous avez reconquis votre couronne.

— Oh ! reconquis… L’Europe se consulte.

— Enfin, vous avez à préparer la paix ou la guerre, Sire. Une période d’accalmie s’ouvre. Vous n’aurez pas besoin de nous et je vous supplie de nous accorder, à Bobèche, au capitaine Marc Vidal…

— Dis le chef de bataillon, il l’est depuis hier.

— Le chef de bataillon Marc Vidal, à Henry et à moi, la permission de quitter Paris.

— Ah ! ah ! les vacances du dévouement, murmura Napoléon avec un bon sourire.

Il était debout, dans ce cabinet des Tuileries, où, pour la seconde fois, Espérat Milhuitcent l’avait abordé[1].

En face de lui, le jeune homme se tenait droit, les épaules effacées, les talons réunis, militaire par la tenue, adorant par le regard. Il tressaillit à la remarque de son impérial interlocuteur.

— Les vacances du dévouement !

— Vacances sans repos. Je veux retrouver, arracher à celui qui la tient prisonnière, ma sœur, Lucile de Rochegaule.

Napoléon appuya amicalement la main sur l’épaule de Milhuitcent.

— Tu es libre, et pour t’aider, je te confère le droit de porter le nom qui t’appartient. Espérat, comte de Rochegaule, l’empereur te souhaite de réussir. Il le souhaite de tout son cœur.

Une heure après, Espérat, escorté par le commandant Marc Vidal, par Bobèche et par Henry, parcourait au trot soutenu d’excellents chevaux, la route de Saint-Denis. Un cinquième cavalier guidait la petite troupe.

C’était Jacob.

  1. Voir La Mort de l’Aigle.