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Page:Ivoi - Les Cinquante.djvu/46

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rebelle ! Mais ce serait amnistier toutes les révolutions, proclamer le droit à l’émeute. Il y a quelque chose de supérieur aux intérêts matériels d’un peuple, c’est le respect de son souverain.

Comme on le voit, le favori avait les idées de bon nombre de royalistes du temps. Le roi d’abord, la France ensuite. Hélas, à toutes les époques, les sectaires de tous les partis ont raisonné ainsi. Les malheurs qui ont accablé si souvent la terre de France ne proviennent ni du caractère de sa population laborieuse, ni des fautes de ses gouvernements. C’est le mensonge politique, c’est le sectarisme qui, maintes fois, a mis le pays à deux doigts de sa perte.

Une demi-heure plus tard, la voiture de d’Artin le déposait aux Tuileries, en compagnie du duc, d’Espérat et de Lucile.

Le factionnaire présenta les armes et laissa passer. Quelques gentilshommes, revêtus de l’uniforme des Compagnies rouges, formées par le roi pour employer les émigrés sans fortune, et où chacun avait au moins rang de lieutenant[1], quelques gentilshommes, disons-nous, saluèrent obséquieusement le favori.

Celui-ci traversa la cour du Carrousel avec ses compagnons et gagna les appartements occupés naguère par Napoléon, sans soupçonner la tristesse avec laquelle le faux rebouteur parcourait ces lieux.

  1. Les Compagnies rouges comptaient un effectif de 3.000 personnes. La Garde royale se composait également de 3.000 hommes. C’est de la formation de ces corps privilégiés, ayant une haute paie, que vint en grande partie la fureur des officiers de l’armée mis à la demi-solde.