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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/102

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— Votre réticule ?

— Vide.

— Vide ?

En effet, la pochette retombait flasque, aplatie. Il était matériellement impossible qu’elle contint les victuailles, que la jeune fille était certaine d’y avoir introduites. Cependant Jean tâta l’étoffe.

Geste vain. Les parois du réticule se touchaient. Bouteille, pâté, gâteaux secs, tout s’était évanoui, envolé. Les jeunes gens se regardèrent avec stupéfaction.

— Un steward m’aura vue, balbutia Mlle Roland, et il se sera fait un malin plaisir…

Son interlocuteur secoua la tête :

— Non, ce n’est pas cela.

— Pourtant !

— L’aventure me causait une vague inquiétude, et je surveillais les serviteurs quand ils s’approchaient de vous.

— Alors, comment explquez-vous ?

Un sourire flotta un instant sur les lèvres de l’ingénieur.

— Ah ! vous riez, s’exclama sa compagne non sans impatience… Vous riez, sans songer à la situation fausse où je me trouve ; sans songer a la pauvre prisonnière dont l’estomac doit crier famine.

— C’est que je pense…

— Quoi ?

— Que peut-être vous vous êtes trompée de réticule.

— Trompée ?… je ne saisis pas.

— Vous aviez soin de ne pas regarder en arrière afin de n’attirer l’attention de personne.

— Naturellement.

— Eh bien ! votre main aveugle n’aurait-elle point rencontré le réticule de votre voisine ?

— De cette dame anglaise ?

— Oui ; laquelle, le plus innocemment du monde,