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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/103

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promène sans doute sur le pont le déjeuner de Mlle Ydna, et sera fort surprise de se trouver si bien approvisionnée.

Courir à la sortie, jeter un regard circulaire sur le pont, fut pour la jeune fille l’affaire d’un instant.

À dix pas, dans leurs toilettes claires, Elena et Mable, confortablement renversées dans des rocking-chairs, poursuivaient une conversation animée.

Aux pieds de la svelte mistress, son réticule, immodérément gonflé, gisait à terre, la main de l’aimable personne tenant avec négligence les rubans lâches.

— Ça y est, fit Stella.

Et se retournant vers Jean, elle éclata de rire.

— Impossible de reprendre ce que je lui ai involontairement confié, murmura-t-elle enfin ; que va faire Ydna ?

— Elle déjeunera, rassurez-vous.

Et appelant un steward qui desservait, le jeune homme lui glissa une pièce dans la main :

— Mon ami, chuchota-t-il, en mer je suis atteint de boulimie, d’appétit insatiable. J’ai honte de manger sans cesse devant tout le monde. Après chaque repas, veuillez donc porter un en-cas dans ma cabine, n° 5.

Rien n’étonne un steward qui reçoit un pourboire. Le domestique cligna, de l’œil d’un air entendu, et gracieusement :

— Commencerai-je de suite ?

— S’il vous plaît, mon ami.

— Que Monsieur s’en rapporte à moi. Monsieur sera satisfait.

— Le fait est déclara Stella dès que l’homme se fut éloigné, que votre moyen est beaucoup plus simple que le mien. Seulement je n’aurais jamais osé vous prier. Vous allez passer pour un mangeur phénoménal.

Mais Ça-Va-Bien fit non de la tête :

— Détrompez-vous, mademoiselle. Moyennant un