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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/109

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L’indécision de Nieto amusait les passagers. Déjà des paris s’engageaient ; qui recevrait le premier assaut de l’animal ? Palmers ou sucre ; sucre ou palmers, cinq piastres, dix piastres, quand tout à coup le chien du capitaine se décida pour une troisième solution complètement inattendue.

Marquant aux douceurs un mépris inexplicable, il se dirigea, le cou tendu, les narines frémissantes, vers miss Mable, qui ne lui offrait rien du tout, sinon le spectacle plantureux de son dos, débordant par-dessus l’appui du rocking-chair.

Ce fut de la stupéfaction. Qu’allait faire le fantasque Nieto ?

Tous les regards convergèrent sur la robe fauve.

Il avançait toujours, et peu à peu sa tête se penchait vers le sol, il reniflait joyeusement.

— Sapristi, murmura Jean à l’oreille de Stella, ce coquin de dogue flaire le pâté.

— Vous croyez ?

— Regardez comme son museau pointe vers le réticule…

La jeune fille se dressa sur ses pieds, étouffant avec peine une envie de rire immodérée.

— Votre bras, monsieur Jean.

— Vous désirez vous promener ?

— Je désire faire déjeuner Ydna. L’en-cas a été certainement déposé dans votre cabine. Venez.

— Volontiers. J’aurais pourtant voulu voir ce que va faire Nieto.

— Trop dangereux… je me trahirais.

L’ingénieur n’insista pas et conduisit Mlle Roland vers l’escalier.

Comme l’avait prévu la jolie créature, le steward, stimulé par un large pourboire, avait apporté dans la cabine n° 5 un en-cas suffisant pour rassasier deux personnes.

Poulet froid, pâté, roastbeef, hors-d’œuvre, entremets, desserts, rien ne manquait. En homme de rai-