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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/110

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sonnement, le domestique avait escompté une soif proportionnelle. Bière, vin, pulque (boisson fermentée tirée d’un aloès mexicain) figuraient côte à côte en des flacons de formes variées.

Jean faisant le guet, Stella transporta le tout dans la cabine 3.

Et le déménagement terminé, l’ingénieur vint rejoindre les jeunes filles et amusa la prêtresse d’Incatl en lui narrant l’aventure des réticules.

Il eût pu, à cette heure, y ajouter un chapitre du plus haut comique.

Tandis qu’il partait avec Mlle Roland, le chien Nieto était arrivé tout près de miss Mable. Ses yeux brillaient de convoitise et sa langue gourmande, agitée de petits frémissements sensuels, pendait hors de sa gueule.

Il s’accroupit, le ventre à terre, le cou tendu. Par mouvements insensibles, il se traîna jusqu’au réticule qui reposait sur le pont, ses brides passées autour du poignet de la demoiselle de compagnie.

Considéré par les passagers, incapables de comprendre la cause de sa mimique, le yucatano se frotta tendrement le nez contre la soie, à travers les mailles de laquelle passaient des parfums, dont ses nerfs olfactifs étaient agréablement chatouillés.

Mais Nieto, chien bien élevé, ne pouvait condescendre à voler.

Après le déjeuner, une personne ayant sur elle un morceau friand, l’avait évidemment apporté pour le bon dogue.

L’expérience journalière concourait à égarer l’instinct de l’animal.

Or, on ne répond pas à une gracieuseté par une impolitesse.

Puisque miss Mable avait eu la délicate pensée de se charger d’une chose d’odeur si agréable, il était du devoir de Nieto de la lui demander.

Est-ce bien là ce que se dit le chien du capitaine ?