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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/119

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ballant sur le pont un réticule bourré de nourriture, que le bon chien Nieto a déchiré.

— Sans contredit. Mais quel rapport ?

— M’interrompez pas. Nous y arriverons. Ce réticule, il m’a donné à réfléchir.

— Comment cela ?

— Pauvres gensses, ils n’ont rien vu. Ouvre donc tes oreilles, ma caillou, pour recevoir la bonne parole.

Et se campant avantageusement :

— Donc, j’ai conversé avec moi-même. Je me suis glissé dans le tube auriculaire, ceci : les Anglaises, elles sortaient de table ; elles n’avaient donc pas de raison pour se charger de nourriture, étant donné surtout, qu’à un moment quelconque de la journée, si la fringale les tracasse, il leur suffit de commander à un steward sandwiches, viande froide, enfin un lunch complet.

Tous devenaient attentifs. La remarque du Provençal leur semblait judicieuse.

Quant à Jean, il avait pris la main de Stella et la serrait doucement comme pour rassurer la jeune fille.

— Eh ! mes poulets d’or, reprit Scipion, je vous vois venir, té, vous pensez comme moi, pas vrai ?

Tous opinèrent du bonnet.

— Bon ! Alors on va s’entendre, pécaïre. Les Anglaises avaient des provisions qui ne leur étaient point destinées.

— Oui, répondirent les amis de l’orateur.

— Elles ne les destinaient pas non plus au chien Nieto, car elles les lui eussent données, sans rendre le digne animal à demi fou de gourmandise ?

— Oui.

— Eh bé alors, landerirou ! Les victuailles allaient à un autre, ou mieux à une autre destinataire.

Il ne put continuer.

Les Canadiens, Marius l’entouraient, lui serraient