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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/131

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L’officier regarda fixement la blonde Anglaise, et hochant la tête :

— Vous êtes prudente, señora, et ne voulez vous rendre qu’à bon escient. Vous allez être satisfaite…

Et se penchant vers elle :

— Dites où vous aviez l’intention de porter le pâté que contenait votre réticule, et je rapporte aussitôt une mesure que je déplore d’avoir été obligé de prendre.

Si le tonnerre était tombé aux pieds de mistress Doodee et de sa demoiselle de compagnie, les deux femmes n’eussent pas ressenti stupeur plus grande. Elles étaient littéralement médusées.

— Le pâté ? prononça enfin Mable d’une voix incertaine.

— Oui, le pâté. Où deviez-vous le porter ?

— Où nous devions ?…

Et tout à coup, avec explosion, parlant toutes deux à la fois :

— Mais ce pâté, nous ne le connaissions pas.

— Nous ignorons qui l’a placé dans le sac.

— Nous avons été plus étonnées que personne.

— Mécontentes aussi.

— Un réticule tout neuf.

— Gâché !

Le capitaine fronça les sourcils, mais s’apaisant aussitôt :

— À votre aise, señoras. Permettez-moi seulement de vous faire remarquer que vous n’échapperez pas à notre surveillance. Votre silence aura pour effet d’imposer les angoisses de la faim à Dolorès Pacheco.

— Dolorès Pacheco ! gémirent en chœur les Anglaises. Qu’est-ce que c’est encore que cela ?

À leur profonde vexation, Armadas, Massiliague, Gairon haussèrent les épaules avec une impatience évidente, et tournant sur leurs talons, s’éloignèrent sans écouter les supplications des innocentes victimes