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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/136

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— Que voulez-vous faire ?

— Aller trouver ces misérables Anglaises, et si elles ne parlent pas…

Un geste violent complète sa pensée.

Il n’y a pas à raisonner le Chasseur ; son affection pour Dolorès lui fait grossir les souffrances dont il la croit atteinte.

L’homme doux et bon, qu’il est d’ordinaire, a disparu. Il devient féroce. Le Provençal comprend que le mieux est d’abonder dans son sens.

— Je vous accompagne, mon cher Francis.

Puis, insinuant :

— Bien que le silence obstiné de ces filles de la Grande-Bretagne me confirme dans mon idée.

— Quelle idée ?

— Celle que la doña Dolorès débarquera à Sao-Luis, où nous serons demain. Deux jours sans nourriture, c’est désagréable, ma caille, mais cela se supporte.

Un peu calmé par cette affirmation, le Canadien murmure toutefois :

— La pensée qu’elle souffre, si peu que ce soit, m’est insupportable.

— Té, moi aussi, bou diéou.

— Alors ?

— Alors, je vais avec vous chez les Anglaises. Seulemain, je vous en prie, pas de violences…

— Mais si elles refusent ?

— Eh, rascasse, on les pincera à l’escale, et je vous jure, digne chasseur, qu’elles regretteront leur entêtement, per lou diable.

Ceci dit, Massiliague, passant amicalement son bras sous celui de son interlocuteur, l’emmena dans le couloir des cabines.

Dix secondes plus tard, tous deux s’arrêtaient devant la porte de la chambrette occupée par mistress Doodee.