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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/137

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Scipion heurta légèrement. Un cri étouffé lui répondit. Il frappa derechef :

— Qui est là ? demanda une voix tremblante.

— Un ami, répondit sans sourciller le Marseillais.

— Mais encore ?

— Scipion Massiliague, passager de première classe.

Il se fit un court silence, puis la voix d’Elena s’éleva de nouveau :

— Que voulez-vous ?

— Que vous ouvriez, milady, pour que je vous le dise.

— J’ai bien envie de refuser.

Le Canadien serra les poings, mais le Provençal lui dit en souriant :

— Laisse-moi procéder par la douceur, pitchoun.

Et à la porte :

— Milady, je suis d’un naturel doux et pacifique ; autremain je ne permets pas à un panneau de bois d’être un obstacle à mes souhaits. Je le brise et j’en fais des allumettes, pécaïre.

Une nouvelle exclamation d’effroi retentit dans la cabine ; cependant la porte tourna sur ses gonds, et mistress Elena debout, miss Mable à demi pâmée sur une couchette, apparurent.

Massiliague les salua courtoisement.

Il frappa sur l’épaule de son compagnon :

— Vé, vous voyez, mon bon, rien ne vaut la persuasion pour déboucher les serrures.

Et pénétrant, avec Francis dans le réduit, dont il tira la porte sur lui :

— Chère milady, chère miss, ne tremblez pas comme feuilles sous le mistral. Vous n’avez rien à redouter de nous. Notre démarche est tout amicale, farfandiéou, j’ose le dire ; elle n’a d’autre but que de vous éviter de multiples tracas.

Puis gravement :

— Depuis vingt-quatre heures, Dolorès n’a rien