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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/14

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vant laquelle Jean Ça-Va-Bien s’était arrêté un instant.

— Alors, signore, demanda obséquieusement Candi, vous croyez que l’explosion de notre mine…

— Je suis sûr, mon drôle… aussi sûr qu’on peut l’être après des calculs irréfutables.

— C’est bien loin, murmura l’Italien d’un air de doute.

Olivio haussa les épaules :

— L’ignorance, l’ignorance !… Tu ne comprends pas… Le mont Pelé entre en éruption. Dans la cheminée centrale, le niveau des laves est à deux cents mètres au-dessus de nous. Songe à la formidable pression, des milliers d’atmosphères peut-être, nécessaire pour élever ainsi une colonne de douze cents mètres de roches fondues. Si nous réussissons à ouvrir un cratère ici, à mi-hauteur, un fleuve de lave, projeté avec une violence qui ferait considérer les artilleries du monde entier comme zéro, un fleuve de lave bombardera le morne Rouge, détruisant tout[1].

— Et vous pensez, signore, que votre mine ?… Quatre cents kilogrammes de dynamite, c’est beaucoup, ma, ça paraît bien minime pour trouer la montagne.

Nouveau haussement d’épaules du señor de Avarca, qui répondit néanmoins, avec la hautaine bienveillance d’un maître satisfait d’étaler ses connaissances devant ceux dont il réclame obéissance :

— Sur les flancs d’un volcan, les cratères s’ouvrent aux points où, par suite d’une moindre épaisseur, les roches offrent moins de résistance. Notre mine n’a d’autre but que d’ébranler la masse granitique, de provoquer une lézarde, une fissure. Les vapeurs émotives feront le reste.

De nouveau son poing s’étendit vers la maison du morne Rouge.

  1. Un cratère artificiel a été ainsi créé sur le Niun-Sivo, à Java, dont l’éruption menaçait l’existence du bourg du même nom.