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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/15

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— Et ils mourront tous, ceux qui possèdent avec moi le secret qui doit nous rendre riches au delà de nos rêves !

Les yeux des auditeurs lancèrent des éclairs. Olivio eut un sourire. Évidemment les paroles prononcées avaient un double but : prouver sa supériorité intellectuelle à ses compagnons et exciter leur cupidité.

Mais, Changeant de ton :

— Nos chevaux sont harnachés ?

Ce fut Cristino qui répondit :

— oui, señor, je me suis borné à les entraver… ; ils sont là, derrière ces figuiers d’Inde.

— Alors, garçons, allumons la mèche et en selle… La mèche durera une demi-heure, nous aurons le temps de gagner du champ… Du reste, en marchant vers l’Est, nous serons hors de la zone dangereuse, car l’explosion se produira vers le Sud-Ouest.

Déjà José et Kasper approchaient des allumettes enflammées du cordeau porte-feu, dont l’extrémité dépassait le bourrage, quand le chef les arrêta brusquement.

— Ouais, qui vient là ?

Tous regardèrent dans la direction indiquée.

À ce moment même, un cavalier franchissait le pont de bois de la rivière Blanche et s’engageait sur le sentier qui escaladait la montagne Pelée.

— Il va passer ici, murmura Olivio,

— Yes, ya, si ! approuvèrent les autres, chacun en son idiome maternel.

— Personne ne doit pouvoir nous accuser.

— Non, personne.

— Donc, tant pis pour lui !

Ce fut tout. En une seconde les hommes eurent disparu dans l’épaisseur des buissons, mais à travers les feuillages, des yeux ardents suivaient la marche du voyageur qui chevauchait le nez au vent, sans se douter du péril suspendu sur sa tête.

Or, est inconnu n’était autre que Jean Ça-Va-Bien,