Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

habitants eux-mêmes font une police sévère, punissant sommairement d’un coup de couteau toute infraction aux règles établies.

De là l’émoi bien compréhensible des passagers.

On entrait dans un port contaminé par la terrible épidémie.

Déjà de sourds murmures se faisaient entendre, quand un incident sollicita l’attention de tous.

Mistress Elena arriva en courant, suivie de Mable.

Les deux Anglaises étaient pâles, défaites, effarées.

— Que me dit-on ? gémit la première.

— La fièvre jaune à Sao-Luis de Maranhao !

— Débarquer serait téméraire.

— Nous ne voulons pas mettre le pied sur ce sol Maudit !

On formait le cercle.

Massiliague et Jean se glissèrent au premier rang des curieux.

Aux dernières paroles des Anglaises, le Provençal bondit :

— Farfandieou, s’écria-t-il, ces dames, elles ont trouvé le moyen de prévenir la doña Dolorès, et maintenant elles espèrent, grâce à une comédie, éviter de payer leur trahison.

L’énoncé de cette accusation fit oublier la fièvre jaune.

Les assistants étaient presque tous des Sud-Américains, admirateurs frénétiques de la Virgen de l’Indépendencia, comme ils appelaient la prêtresse d’Incatl.

Tous avaient suivi, avec un intérêt croissant, le duel engagé entre les amis de l’héroïne et les passagères accusées de connaître sa retraite.

Est-ce que vraiment ces « Inglese » avaient réussi à tromper la surveillance dont elles étaient l’objet ? Est-ce que la Mestiza devrait mourir sacrifiée au soleil ?

Des cris de rage s’élevèrent.