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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/148

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nos frères, s’unissent sans arrière-pensée aux Créoles et Sang-Mêlés.

Peu après, Stella, sous couleur d’aller aux nouvelles, sortit avec l’ingénieur. Une fois seule avec lui, elle soupira :

— Si elle nous quitte, plus rien au monde ne pourra la sauver.

— C’est vrai.

— Il faut donc faire échapper les Anglaises.

— Il faudrait… car pour le quart d’heure, je n’en vois pas la possibilité.

Mais l’heureuse nature du jeune homme reprenant le dessus :

— Bah ! à quelque chose malheur est bon. L’émotion générale facilitera l’arrivée incognito de Mlle Ydna à Sao-Luis. Une fois sur la terre ferme, nous verrons.

Le mugissement profond, de la sirène annonçait au même instant que le steamer entrait dans le port.

Les sons rauques, intermittents, se succédaient.

Et comme les deux causeurs écoutaient, pensifs et recueillis, au pied de l’escalier, accédant au pont, un élégant gentleman, valise en main, sombrero clair sur la tête, les frôla en passant.

Ils s’écartèrent pour lui laisser passage, mais l’inconnu se planta devant eux, et avec un sourire :

— Bonne note, vous ne me reconnaissez pas.

Ils eurent une exclamation étouffée. Le gentleman n’était autre qu’Ydna, revêtue du complet mis à sa disposition par ses complices.

Elle mit un doigt sur ses lèvres, et légère, elle s’élança sur le pont, où elle se perdit dans la foule.

Les jeunes gens l’y suivirent, le cœur palpitant.

Mais rien ne justifia leur inquiétude.

Le paquebot s’amarra à quai. La passerelle fut lancée. Une escouade d’agents de police, qui semblait attendre ce mouvement, s’y engagea aussitôt. Tout le monde reflua vers la passerelle, au pied de laquelle