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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/149

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LES SEMEURS DE GLACE

se tenait Armadas, ayant auprès de lui les tremblantes Elena et Mable.

Ydna profita de l’inattention générale. Elle franchit tranquillement le léger ponceau reliant le steamer à la rive, et ses nouveaux amis la virent s’éloigner délibérément sur le quai.

La prêtresse était momentanément en sûreté.

Il fallait à présent s’occuper des Anglaises.

— Car, souligna Jean, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. Sitôt un danger conjuré, un autre se présente.

Tous deux assistèrent à l’entrevue des filles d’Albion avec le chef des policiers, lequel leur déclara, avec la plus grande courtoisie, que lui, homme de bonne famille, éminemment respectueux des désirs des señoras, mais plus respectueux encore de son devoir, grand maître de tout cavalier bien né, il les invitait gracieusement à le suivre, entre huit agents, à l’hôtel Pedro II.

Cet homme, rempli de prévenances, ajouta qu’en cas de résistance, il serait contraint à la douloureuse extrémité d’employer la violence, ce dont son âme délicate saignerait.

Eléna, blême de colère, Mable, pourpre d’indignation, durent obéir.

Elles gagnèrent le quai, encadrées par les vigils, ainsi que le peuple désigne les policiers, et suivies par Scipion Massiliague, qui quitta le bateau après avoir échangé de vigoureuses étreintes avec les officiers, les passagers, étreintes appuyées de cette promesse :

— As pas pur, elles rendront la Mestiza, les Ingleses, ou bien je les mangerai à la croque au sel, troun de l’air.

Plus calmes, ses compagnons s’en allèrent après lui.

Pour Jean et Stella, ayant fait marché avec des portefaix qu’ils chargèrent de leurs valises et de la caisse aux ampoules d’air liquide, ils prirent congé