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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/150

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du capitaine Armadas, du lieutenant Garcia, puis mélancoliquement se dirigèrent à leur tour vers l’hôtel Pedro II.

Une heure plus tard, tous deux étaient installés dans l’appartement n° 5, où déjà Ydna les attendait. Le silence régnait dans la pièce où ils étaient réunis. Pensifs, ils réfléchissaient.

Chacun songeait à part soi que les émotions passées, l’adresse déployée ne serviraient de rien si, avant vingt-quatre heures, mistress Elena Doodee et miss Mable Grâce, incarcérées dans l’appartement 3, ne se trouvaient pas hors d’atteinte de la police de Sao-Luis de Maranhao.

L’aventure, commencée en vaudeville, tournait au tragique.

Pas un instant, il ne vint à la pensée des voyageurs d’abandonner les Anglaises à leur sort. Non. Tous trois avaient l’âme trop haute, la conscience trop droite, pour ne pas se conformer aux exigences du devoir strict.

Or, dans ce cas, le devoir strict était de délivrer les Saxonnes, plongées dans l’embarras par leur faute, leur fallût-il, pour atteindre ce résultat, renoncer à leurs projets.

Donc Ça-Va-Bien, pour une fois, trouvait que tout allait mal. Ses compagnes sans doute se livraient à une constatation analogue, quand un murmure de voix vint troubler la rêverie mélancolique du trio.

On eût dit que l’on parlait dans la pièce voisine.

Or, la pièce voisine faisait partie du logis des Anglaises.

Deux organes se distinguaient. Évidemment un homme et une femme dialoguaient.

— C’est étrange, murmura Jean. Un  mur plein nous sépare de nos voisines. Nous ne devrions pas entendre. Par où donc filtre la voix ?

En suite de cette remarque, il se mit à inspecter attentivement la muraille.