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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/151

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LES SEMEURS DE GLACE

Aucune fissure, aucune lézarde, rien qui pût donner passage au son.

À l’extrémité la plus éloignée de la porte ouvrant sur le corridor de l’hôtel, à angle droit avec la fenêtre donnant sur la rue, une armoire à glace était adossée à la paroi séparative.

En approchant du meuble, Jean constata que le son s’enflait, que les paroles devenaient distinctes. Il semblait que les voix jaillissaient de l’arrière de l’armoire.

Sans hésiter, l’ingénieur empoigna l’objet, le fit pivoter légèrement, glissa un regard derrière, et, d’un geste joyeux, appela ses compagnes auprès de lui.

— On les sauvera, fit-il d’une voix légère comme un souffle, et Mlle Ydna ne sera pas obligée de se livrer à ses amis.

Qu’avait-il donc aperçu ?

Une porte condamnée, comme il en existe dans nombre d’hôtels, porte que dissimulait l’armoire.

Deux barrettes de fer, fixées par des vis dans le chambranle et le panneau, assuraient seules la fermeture de cette entrée.

— Par là, reprit Jean, on peut pénétrer chez ces pauvres ladies, sans être vu des policiers de garde dans le couloir, non plus que de ceux, apostés sur la place, devant les fenêtres. Réjouissez-vous, mesdemoiselles, ce soir, vos… protégées seront libres.

Et comme elles interrogeaient :

— Chut ! murmura-t-il, écoutez.

La conversation des voisins arrivait nettement jusqu’aux voyageurs.

— Mais je vous jure sur la tête auguste de Sa Majesté le roi d’Angleterre, que je n’ai jamais vu celle dont vous parlez, disait mistress Elena en un gazouillement effrayé. Ne comprenant rien à ce qui se passait à bord du Madalena, j’ai cru, vous savez, les assistants souffrant de folie, et pour ne pas courir le